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FOCOM 49
18 février 2013

Quel avenir pour les facteurs ?

 

En grève à Valbonne, puis au Cannet, les facteurs revendiquent de meilleures conditions de travail et la défense de leur métier.

Les facteurs haussent le ton un peu partout dans le département des alpes maritimes. Et ce qui se joue ici, c’est bien l’avenir de la distribution du courrier. C’est ainsi qu’après ceux de Valbonne, les postiers du Cannet se sont mis en grève. Ils refusaient notamment le passage d’un jour de repos toutes les 3 semaines, à un toutes les 4 semaines. Ils demandaient aussi une prime à la vie chère décente et l’arrêt des suppressions de tournée. Ce matin de février alors que les grévistes sont venus rendre visite à leurs camarades au centre de tri de Mouans-Sartoux, Eric Deltour, représentant du personnel et syndiqué CGT dans ce centre témoigne de son mal-être « Nous ne sommes pas que des chiffres et des identifiants. Nous sommes des humains. ». 2364 FacteursAlexandre, en grève, la vingtaine, se demande comment ils osent encore leur demander des efforts alors qu’un postier commence à 1080 euros. « Cela fait 10 ans que je suis à la Poste et je touche 1200 euros par mois » renchérit Elizabeth qui n’a jamais pu faire ses heures normales depuis cinq ans… mais toujours plus. Et ici « il n’y a pas de 13ème mois. »
Ca chauffe. Depuis de nombreuses années et encore plus avec la mise en place du fameux plan « facteurs d’avenir » par la direction, les tournées s’allongent pendant que le nombre de facteurs diminue. Cette équation proportionnellement inversée, les facteurs la dénoncent. Si, en effet, la masse de courrier à tendance à baisser, les prospectus publicitaires sont toujours aussi nombreux mais surtout les tournées ne raccourcissent pas. Elles auraient même tendance à augmenter avec les nouvelles constructions. « Que l’on mette une ou deux lettres dans une boite, le temps est équivalent » témoignent tous les facteurs présents au centre de tri. « Leur calcul est biaisé. Ils le font derrière leur bureau mais ne connaissent rien de la réalité du travail. » dénonce Elizabeth. A La Poste, tout le monde travaille plus. « Certains viennent plus tôt pour réussir à terminer à l’heure » explique Eric Deltour. Si son centre de tri n’est pas en grève, les postiers sont en tout cas sortis pour soutenir leurs collègues du Cannet. Partout, « ça chauffe et les postiers en ont marre. » Les revendications sont d’ailleurs les mêmes (revalorisation des salaires, embauche de personnel en CDI…) comme les critiques envers la direction. Celle-ci ne semble pas les écouter et se borne à ses calculs. A l’heure actuelle, les combats des postiers essayent juste d’éviter une trop grave dégradation de leurs conditions de travail. Le conseiller municipal communiste, Jean-Michel Bourdillon soutient les grévistes et interpelle le directeur départemental de La Poste : « Les revendications ne sont pas impossibles à réaliser [ce sont] à peu près les mêmes que [celles de Valbonne] entendues par leur direction. »
Ainsi, si certaines de ces luttes réussissent parfois à faire plier (un peu) les directions locales, elles s’inscrivent cependant dans une bataille plus large pour que les facteurs ne perdent pas leur vocation première : servir les usagers.
Le projet « facteur d’avenir » qui devait permettre de moderniser le métier et améliorer la qualité n’a pas eu, sur le terrain, l’effet escompté… Cela s’est traduit par un plan de suppression de 30 000 postes d’ici 2015 et inévitablement des tournées à rallonge. Et depuis la privatisation de la Poste, il est évident que la maxime libérale qui demande de réduire les coûts pour un maximum de profit, s’accentue dans l’entreprise.
Dumping social postal. L’inquiétude est d’autant plus grande chez les facteurs que la Poste pourrait très bien faire du dumping social. Depuis le 24 juillet 2012, sa filiale Mediapost détient l’autorisation de distribuer du courrier à la place des facteurs. Les syndicats SUD et FO y voient une « concurrence en interne ». En effet, cette filiale de la Poste s’occupait jusqu’à présent de la distribution des prospectus publicitaires « sans adresse ». José Bério, responsable de la CGT-FAPT-06 juge clairement cela comme un dumping social. A Mediapost, les employés sont payés 20% de moins selon la Cour des comptes de 2010. « Très souvent en CDD, dans leurs voitures personnelles, les médiapostiers sont des travailleurs précaires et exploités. » dénonce José Bério. Si la Poste se défend sur ce point, rien ne l’empêchera d’empiéter un jour ou l’autre sur le travail des facteurs. La décision parue au journal officiel en septembre 2012 est en effet explicite : « La société Mediapost est autorisée à offrir des prestations de services postaux relatifs aux envois de correspondance incluant la distribution »
2014 s’annonce difficile avec des réorganisations et de nouvelles suppressions de postes. C’est pour cela que les syndicats et notamment la CGT-Fapt des Alpes Maritimes va maintenir la pression sur la direction et essayer de sensibiliser les usagers à la défense de ce service public de plus en plus mis à mal par les dogmes libéraux. Suivant cette logique, la baguette amenée par le postier à la personne âgée ne fait en effet pas gagner d’argent à la Poste et prend sur le temps de distribution. Mais tout dépend où le curseur est mis : sur l’humain ou sur le profit. C’est un choix de société à défendre.

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